La reproduction des tégénaires

Après avoir enduré une dizaine de mues en deux ans, la tégénaire mâle est sexuellement mature, c'est ainsi que dès la fin du printemps et jusqu'à la mi-automne, après avoir rempli ses bulbes copulateurs de sperme (cf reproduction) , la tégénaire mâle part en quête d'une femelle, c'est à ce moment que l'on commence à bien les remarquer dans nos maisons car bien souvent leurs quêtes les font tomber dans les éviers et baignoires aux rebords si glissants qu'ils y restent coincé jusqu'au matin, contrairement à une idée très répandue, la tégénaire ne vient pas dans nos baignoires en remontant les canalisations, elle ne fait qu'y tomber accidentellement et ce n'est pas lui rendre service que de l'envoyer dans le siphon avec une giclée d'eau, cette brave arachnide inoffensive pour l'homme mérite au contraire nos égards en échange du nombre considérable d'insectes désagréables pour l'homme qu'elle exécute. C'est pourquoi il est conseillé de laisser un linge pendre dans la baignoire et dans l'évier pour leur faciliter la fuite et surtout pour ne pas être réveillé le matin par les hurlements d'effroi de nos dames découvrant l'infortunée.

Pariétina desséchée...	Pédipalpes étendus...	Zoom sur les bulbes copulateurs

Notons que cette quête nuptiale n'a lieu qu'à la tombée de la nuit ce qui minimise les éventuels désagréments des arachnophobes avec qui nous partageons, hélas trop souvent, notre toit. Cependant il est fréquent de trouver des males épuisés se traîner en pleine journée, comme c'est souvent le cas pour la tégénaire pariétina.

Mais revenons à notre preux et galant Casanova à huit pattes. Après un laps de temps plus ou moins long, la tégénaire mâle peut détecter la présence d'une tégénaire femelle de son espèce en percevant l'odeur des phéromones qu'elle laisse sur ses fils de toile pendant la saison des amours. Il va alors remonter la piste pour trouver sa femelle arrivé près de la toile, il avance prudemment , les coussinets des griffes de ses pattes étant imbibés d'une substance graisseuse, il parvient à ne pas s'emmêler dans la toile de la femelle. Celle-ci sent bien les vibrations importantes provoquées par l'arrivée du mâle sur son domaine, mais pendant la période des amours l'émission des phéromones permet sûrement aux deux araignées de se reconnaître . Après l'avoir caressé avec ses pédipalpes le mâle peut alors féconder la femelle en introduisant ses bulbes copulateurs dans son épygine (cf. reproduction).

Par la suite le mâle vivra dans la toile de la femelle pendant trois semaines, le but de cette cohabitation m'étant inconnu, (peut-être s'agit-il de protéger la femelle dont l'abdomen gonflé par les oeufs diminue sa dextérité face à un danger potentiel) Quoiqu'il en soit au bout de ces trois semaines le mâle meurt, peut-être est-ce la conséquence du long jeûne nuptial qui peut atteindre plusieurs mois dépassant alors de peu l'extraordinaire résistance de l'animal à la famine. La femelle tégénaire quand à elle peut vivre selon les espèces de quatre à cinq ans en ayant plusieurs couvées par années.

Bien souvent le cocon est fabriqué dès la fin de l'automne et les oeufs n'éclosent que vers la mi-mars, à ce moment une foule de minuscules araignées envahiront le domaine de la tégénaire avant de se disséminer dans la maison où la plupart d'entre eux seront dévorés par d'autres araignées du genre des pholques.