La chasse de l'épeire |
Quand on regarde une toile d'épeire on remarque en premier lieu l'extraordinaire complexité de l'œuvre, ce piège raffiné est composé d'une soie si fine qu'elle sait jouer avec la lumière pour devenir quasiment invisible. Le dessin de l'œuvre est lui bien plus révélateur des talents de l'épeire, en effet cette araignée sait tisser par dessus plusieurs rayons disposés avec une précision incroyable, un trait spirale venant diviser la toile en plusieurs rayons concentriques et équidistants. Le nombre de rayons varie selon l'espèce d'épeire qui a oeuvré, 21 pour l'épeire angulaire, 32 pour l'épeire fasciée, 42 pour l'épeire soyeuse.
Une toile de jeune épeire faite sur un fil à linge |
Spectacle assez rare, une toile d'épeire horizontale ! |
La précision de ce travail souvent effectué de nuit, sauf pour les plus jeunes spécimens, est surprenant pour l'observateur ayant des connaissances en géométrie, ce dernier ne pouvant manquer de remarquer que l'humble arachnide est capable de réaliser ce que l'on appelle une spirale logarithmique c'est à dire une courbe coupant obliquement, sous des angles de valeur constante, toutes les droites ou rayons vecteurs s'irradiant d'un centre appelé pôle. Le tracé des épeires est donc une ligne polygonale inscrite dans une spirale logarithmique. |
En vérité l'épeire construit en fait deux spirales distinctes en tissant sa toile, la première n'est qu'un simple auxiliaire dont la fonction se limite à donner des points d'appui, l'araignée la construit avec une soie ordinaire, il part du centre où les rayons sont très serrés pour aboutir à la circonférence par des tours d'ampleur rapidement croissante, de cette première construction que l'on pourrait comparer à un échafaudage, ne reste une fois l'œuvre terminée que la partie centrale. Celle ci non composée de toile collante sert de reposoir et même de poste de garde pour deux épeires qui y passent tout leur temps; l'épeire fasciée et l'épeire soyeuse .
La seconde spirale tissée après coup constitue le réel dispositif permettant à l'araignée de se nourrir. En effet cette construction est constituée d'un fil différent parsemé de petites boules de colle organique. Selon J.H. Fabre le père de tous les entomologistes, si l'épeire ne se colle pas aux fils gluants de sa toile c'est grâce à une substance huileuse qui comme tous les corps gras neutralise l'adhérence. Cet autre talent de l'épeire a été découvert par Fabre à travers toute une série d'expériences.
Quand un insecte vient s'y empêtrer, l'épeire toujours reliée à sa toile par un fil sent cette dernière vibrer et va après avoir localisé l'endroit exact ou se débat la proie la mordre et l'engourdir grâce à son venin. C'est alors que l'épeire va tourner le dos à sa victime et s'en saisir par les pattes arrières en la faisant tournoyer sur elle-même, en même temps elle dévide sur l'infortunée une soie très compacte en larges rubans la transformant en un cocon. Puis elle part dans sa retraite savourer son festin à la façon de la plupart des araignées, c'est à dire en transformant l'intérieur de sa victime en une soupe par l'injection de sucs digestifs.
La toile est souvent détruite lors de cette opération, c'est pourquoi la nuit venue, ou même la journée, l'épeire sort de sa cachette pour détruire cette toile abîmée en le roulant en boule qu'elle régurgite pour recycler les précieuses protéines qui la constitue. Puis elle reconstruit sa nouvelle toile.
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